Portrait de l’écologie politique latino-américaine

Photo Mikey Watts

Le Comptoir : Dans quel contexte émerge l’écologie politique latino-américaine ?

Omar Felipe Giraldo : La principale caractéristique de l’écologie politique latino-américaine, c’est qu’elle est profondément liée aux mouvements sociaux qui se sont mobilisés « en defensa de la vida y del territorio » comme on dit en espagnol, « en défense de la vie et du territoire ». À quelques exceptions près, les intellectuels et le monde académique n’ont pas développé une réflexion écologique abstraite antérieure à l’existence de ces mouvements, ils les ont accompagné et s’en sont inspirés pour repenser leurs catégories politiques et philosophiques.

Pour comprendre les raisons qui ont poussé certaines populations à se mobiliser, il faut tenir compte de l’offensive extractiviste et des processus d’accumulation par dépossession qui ont secoué l’Amérique latine depuis le début du millénaire, mêmes si la vague de privatisation néolibérale commence plus tôt, dès les années 1980.

Qu’est-ce exactement que l’extractivisme ? Comment s’est manifestée concrètement cette offensive extractiviste ?

L’extractivisme, comme son nom l’indique, désigne “l’extraction” de grandes quantités de ressources et de “matières premières” destinées à alimenter l’accumulation du capital. Concrètement, à partir des années 2000, on a assisté à une hausse des investissements dans des projets miniers, en grande partie due au prix alors extrêmement élevé de minerais comme l’or, le charbon, le platine, les roches phosphoriques, le cuivre, le manganèse, le nickel et le coltan, sans même parler des prix faramineux du pétrole dans les premières années du XXIe siècle. Les barrages hydroélectriques se sont également multipliés.

Un autre phénomène important dans la région a été l’accaparement de terres. Pour ne donner qu’un exemple, la “République du soja transgénique”, à cheval sur le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay, le Paraguay et la Bolivie, couvre une superficie qui est passée de 17 millions d’hectares à 46 millions d’hectares entre 1990 et 2010. Sur ce territoire, 20 millions d’hectares de forêts ont été abattus entre 2000 et 2010. Ce ne sont que quelques exemples des graves tensions qui déchirent les territoires habités par des populations indigènes et paysannes. C’est également ce qui permet de comprendre pourquoi ces populations ont joué un rôle primordial dans les luttes socio-écologiques latino-américaines.

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