Les indigènes Munduruku divulguent un nouveau communiqué sur la négligence du gouvernement

(Foto : Xingu Vivo)

Le 27 avril, les indigènes munduruku de la région de Jacareacanga, soud-ouest de l'état du  Pará, ont divulgué une convocation au gouvernement fédéral, à la Funai (fondation nationale de l'indien), à Eletrobrás et au Ministère Public Fédéral pour un entretien, le jour du 1er mai, sur les projets qui menacent leurs zones. Aucune des instances sollicitées n'ont répondu aux indigènes.

Située sur les berges De la rivière Tapajós, où le gouvernement entend construire un nouveau complexe hydroélectrique, le territoire munduruku est menacé par des projets miniers et par l'absence de l'acte final de démarcation des terres promises par la Funai.

Selon les indigènes, contraints par la justice de réaliser les auditions constitutionnelles et la consultation préalable des population impactées par le barrage de Belo Monte) prévue par la Convention 169 de l'OIT (organisation internationale du travail), le gouvernement a affirmé qu'il rencontrerait des difficultés à dialoguer avec les munduruku, ce qui pourrait justifier l'adoption de mesures unilatérales afin de faire avancer le processus de licence du complexe hydroélectrique. "Nous voulons que la justice sache que nous essayons d'engager un dialogue, mais c'est le gouvernement qui nous ignore. Nous avons aussi été très clairs que c'est notre droit de définir la forme avec laquelle nous voulons dialoguer, déjà que c'est nous qui sommes menacés", a affirmé un responsable du Mouvement Munduruku Iperêg Ayu.

Face au silence du gouvernement en relation à une tentative de dialogue, les munduruku ont élaboré ce vendredi 2, une nouvelle lettre au gouvernement et à l'opinion publique, dans laquelle ils réaffirment leur mécontentement face à la position des autorités au sujet des usines hydroélectriques.  Dans le document, les indigènes exigent aussi que ne s'applique pas la suspension de sécurité (articulation juridique comparable à notre trouble à l'ordre public) et la décision de la justice de l'état du Mato Grosso, qui au début de cette semaine a suspendu la licence d’exploitation du barrage de São Manoel, sur le rio Teles Pires. Dans cette décision le juge Ilan Presser, de la 1ère chambre du tribunal de Cuiabá, a affirmé que les études environnementales de São Manoel qui pointaient des impacts irréversibles sur les indigènes qui vivent en isolement volontaire, ont été ignorées par l'entreprise de recherche énergétique et par l'Ibama (Institut national de l'environnement et des ressources naturelles renouvelables).

Voici ci-dessous la lettre dans son intégralité :

Lettre VIII du Mouvement Munduruku Iperêg Ayu

Jacareacanga-Para, le 2 de mai 2014.

Au Gouvernement Fédéral et à la population Brésilienne
Hier, 1 mai 2014, a été un jour de plus où nous avons tenté de dialoguer avec le Gouvernement sur les usines hydroélectriques sur le rio Tapajós. Le gouvernement n'a pas répondu.

Nous avons tenté une nouvelle fois de dialoguer avec le gouvernement. En 2013, lors de l'occupation de Belo Monte et ensuite à Brasília (voir les articles précédents sur le sujet  et ici).

Le gouvernement nous ment, ne dit pas la vérité, veut que nous vendions nos droits, mais nos droits n'ont pas de prix. Nos droits ne sont pas à vendre. Nous ne voulons pas de barrage sur notre territoire !

Nous exigeons que le Gouvernement applique la Constitution Fédérale, applique la Convention 169 de L'OIT et respecte la législation indigène. Nous voulons la démarcation des terres indigènes du centre Tapajós. Nous voulons une consultation préalable démocratique, libre, informée et de bonne foi, qui soit respectueuse de notre décision. Nous ne voulons pas de grandes mines sur notre territoire. Nous voulons l'annulation de la portaria 303 (1) de la plus haute cour brésilienne,  l'advocacia geral da união) qui est contre les peuples indigènes du Brésil.

Nous appuyons nos parents de Teles Pires (autre barrage du complexe de Belo Monte), et nous appuyons la justice qui a suspendu la licence anticipée (previa) de l'Usine São Manoel. Nous  voulons que le Tribunal Régional Fédéral (TRF) ne fasse pas usage de la Suspension de Sécurité pour faire de nouvelles injustices.

Nous continuons la lutte pour notre territoire et pour notre rivière.

Atencieusement,

Josias ManhuaryMunduruku – Chef des Guerriers
Maria Leusa Cosme KabaMunduruku – Représentante. Des femmes
Neusa Krixi
Izaura Muo

Note : (1) Portaria 303 : Décision judiciaire par la plus haute cour du pays  (Tribunal Suprême Fédéral) qui généralise le vol des terres traditionnelles des indigènes se basant sur une nouvelle démarcation de la terre traditionnelle Raposa Serra do Sol des peuples Terena, Guarani Kaiowá et Ñandeva. Il s'agit véritablement d'une articulation juridique qui autorise en toute impunité les pires crapules à voler comme au bon vieux temps des westerns de John Ford, les terres des indigènes. Il faut savoir qu 'au Brésil, pays fédéral, il y a plusieurs instances judiciaires plus ou moins importantes (locales, fédérales et régionales) qui parfois s'opposent, certains juges comme celui mentionné dans l'article, favorables aux indigènes. D'autres comme l'AGU et le Tribunal Suprême Fédéral, défendent systématiquement les intérêts du capital.  Réclamée par les grands  propriétaires terriens (bancada ruralista) et une majorité des partis politiques larbins à la botte des intérêts du capital, la portaria 303 est contestée par les indigène de tout le pays qui demandent son abrogation pure et simple. Une justice de classe, qui in fine profite toujours aux mêmes, aux grandes multinationales, aux riches, aux puissants et à une classe politique vérolée par la corruption et l’appât du gain.

Origine : Xingu Vivo via Mediapart


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